Laissez-moi vous guider dans un superbe voyage (gustatif) en Ecosse. Je vous propose de découvrir la collection phare de l’embouteilleur indépendant Douglas Laing’s, soit : Timorous Beastie, Scallywag, The Epicurean, Rock Oyster et le célèbre Big Peat. Chacun de ces malts est propre à une région spécifique d’Ecosse. Il s’agit en général d’un blended malt, c’est-à-dire un assemblage de plusieurs whiskies.

Timorous Beastie

Commençons en douceur par la souris la plus connue du monde du malt, j’ai nommé: Timorous Beastie 46,8% vol. Ce petit whisky est un assemblage de malts provenants exclusivement d’Highland : Dalmore, Blair Athol et Glen Garioch.

On retrouve typiquement le profil de la région: intense, fruité et complexe. Le nez révèle des notes mielleuses ainsi que fruitées (pommes et poires) puis s’intensifie sur des notes épicées de cardamome et de poivre noir. La bouche offre une dégustation singulière et gourmande sur les fruits mûrs puis laisse découvrir un goût de miel, de vanille, de bruyère et de bois précieux. Très sympa ! La finale est relativement longue et évolue vers des notes de pain aux raisins et de brioche. Un sentiment de déjà vu vis-à-vis de ce qu’offre cette région mais toujours plaisant et sans fausse notes.

Scallywag

Mettez votre plus beau kilt et poursuivons cette excursion en Ecosse pour nous attarder dans la région du Speyside, accompagné de ce fidèle Fox terrier, fier mascotte du whisky Scallywag. Marqué par un caractère vif et embouteillé à 46% vol, ce malt est issu d’un assemblage des whiskies fins, à savoir : Mortlach, Glenrothes et le fameux Macallan. Il rend hommage à la région en arborant des arômes richement épicés et de belles notes de xérès. Sa maturation en ex-fût de vin espagnol lui octroie une couleur naturellement sombre.

Le nez est vif et très agréable : on sent les épices douces, la vanille ainsi que les fruits confits. Un vrai pain d’épices ! La bouche riche et gourmande est un florilège d’épices et de fruits confits en tout genre qui me rappellent les pâtisseries alsaciennes préparées pour les fêtes de Noël. Tous les ingrédients y sont : oranges confites, chocolat noir, confiture de fruits rouges, noix, cannelle et muscade. De la pâtisserie en bouteille ! La finale est relativement longue et toujours accentuée sur les épices, des notes d’oranges amer pointent le bout de la truffe ainsi que de légères notes de feuilles de tabac. Une jolie promenade gourmande que nous propose ce blend soigneusement composé.

The Epicurean

Faisons une petite pause après ces deux dernières escales et rendons-nous plus au sud, à Glasgow dans les Lowlands, afin de nous prélasser. Mesdames, Messieurs, il est « l’or » pour vous de vous mettre sur votre 31 et de nous retrouver autour d’un verre de ce magnifique breuvage. The Epicurean est un subtile assemblage qui lui révèle un caractère frais, gourmand et céréalier. Même si sa composition reste secrète, mon petit doigt m’a dit qu’il pourrait être composé d’un single malt de la région d’Edinburgh (probablement Auchentoshan) et de deux autres de la région de Glasgow.

Le nez est d’une fraîcheur insoupçonnée : orge maltée, zeste de citron et de légères notes florales et herbacées. La bouche est agréablement fraîche et gourmande : citron, limette, pêche. La finale est plutôt longue, accentuée sur un reste d’agrume, l’herbe fraîche, le foin et les céréales… un régal. C’est un très bon whisky, sans forcément trop de fioritures et de complexité. Il a également toutes les bases pour être dégusté en cocktail et croyez-moi ça mérite l’expérience.

Rock Oyster

Poursuivons ce voyage en bateau pour nous diriger vers les Îles au large de l’Highland. Ici sur mer, les conditions météorologiques sont comme ce Rock Oyster : maritimes, océaniques, emplies de notes salines et fumées. Ce blended malt est élaboré à partir d’un assemblage de plusieurs îles dont Jura, Orkney et Arran.

Le nez est très frais et iodé. Je détecte des notes d’algues et de l’orge malté. Il y a également comme une vague de caramel brûlé et d’une fine tourbe. En bouche, il est très tumultueux. On retrouve des câpres, des algues, de légères notes poivrées et des notes de chêne humide. Il y a de douces notes de miel et de vanille qui s’entrelacent subtilement puis la tourbe fait son apparition ainsi que du gros sel qui vient picoter la langue en fin de bouche. La finale est longue et fraîche, saline, mentholée et cendrée. Un joli blend maritime et sauvage qui nous prépare tout doucement à visiter la destination finale au caractère fort et vif : l’île d’Islay.

Big Peat

Toujours à flot, nous arrivons enfin vers notre destination finale : l’île d’Islay. Sur cette île plane une odeur typique de tourbe et de fumée. Pas étonnant que les whiskies que l’on y trouve en soit les parfaits représentants. Parmi eux, le célèbre Big Peat élaboré par Douglas Laing. Il s’agit d’un blend regroupant pas moins de 4 distilleries différentes : Bowmore, Caol Ila, Ardberg et le rarissime Port Ellen.

L’attaque au nez de ce blend est franc et intense. Il est réglissé, chargé en tourbe mais aussi en cendres, à s’en rapprocher d’un feu de cheminée ! Je décèle même une odeur similaire à de la gouache. En bouche, la tourbe est grasse, intense mais agréable, mélangée à un fumée marqué. Je décèle également un goût de barbecue (bacon grillé) et pour finir, un peu de camphre et une touche médicinale soutenue. La fin est similaire, mais plus végétale et très longue… en effet, ces notes de brûlé, mélangées au charbon s’accrochent inlassablement à notre palais pour nous tenir en haleine encore quelques instants. Il est très intéressant pour quiconque souhaite une réelle expérience gustative et démonstrative du savoir-faire d’Islay.

C’est ainsi que s’achève cette promenade Ecossaise virtuelle : Douglas Laing nous aura fait voyager dans une série de blended malts tous bien structurés et fortement abordables. Une joie pour les novices dans cet univers ou bien même pour les plus aguerris d’entre-vous.