On a tous une bonne raison d’aller au bar. Décompresser après une interminable journée de boulot, célébrer la mort de l’être haï, retrouver des amis, noyer son chagrin, les prétextes sont multiples et variés. A moins d’en être éperdument amoureux, on ne va jamais au bar pour le barman. On attend juste de lui qu’il fasse son job, nous serve une bière avec une mousse correcte, envoie un cocktail équilibré et fasse preuve d’un minimum de politesse. On n’attend pas de lui qu’il s’enquière de la santé fragile de mémé Denise ou qu’il nous fasse des courbettes excessives. Un bon barman doit savoir se faire oublier pour mieux réapparaitre au moment où l’on a le plus besoin de lui et nous remette une tournée.

Pourtant, pendant qu’on prend du bon temps au comptoir, le barman est au charbon. Il doit endurer les conversations absurdes et les requêtes chelous de ses clients qui, l’alcool aidant, peuvent parfois manquer de savoir vivre. Il doit rester zen quand on lui agite un billet sous le nez pour obtenir un verre plus vite ou qu’on le drague avec un peu trop d’insistance. Les clients insupportables et les horaires décalés il connait, c’est le côté obscur de son job. Généralement il s’en émeut auprès de ses collègues et personne ne trouve rien à y redire. On a tous bitché sur nos clients entre collègues. Tant que cela reste dans le cercle proche tout va bien mais lorsque Vice Magazine met en avant des barmen en colère dans une de ses vidéos on croit à une mauvaise blague. On y découvre une poignée de bartenders américains expliquant avec le plus grand des mépris comment bien se comporter au bar et ne manquant pas au passage de conchier ses clients alcoolisés.

Et oui les gars vous vendez de l’alcool, pas besoin d’un clip de la santé publique pour savoir qu’une trop grande dose ferait oublier ses bonnes manières à la reine d’Angleterre. Dire des saloperies publiquement sur ses clients, quand bien même ceux-ci auraient pu déraper, s’avère contre-productif et ne donne pas envie d’aller au bar. De façon générale on a les clients qu’on mérite. Traite tes clients comme s’ils étaient tes invités et fais les se sentir comme à la maison et tout se passera bien. Au pire ils repartiront un peu bourré et s’en excuseront en partant. Traite les comme des crétins qui paient ton salaire et il y a de fortes chances pour que les embrouilles débarquent. Pour autant on n’est pas à l’abri du crétin cosmique qui fera chier quoi qu’il arrive. Heureusement (ou pas ?) cette espèce est moins répandue que les barmen désagréables.