Terre de pèlerinage pour de nombreux amateurs de whisky, berceau de certaines distilleries très connues et très renommées (Macallan, Strathisla, Aberlour, …), parfois surnommée « le triangle d’or », cette région abrite une myriade de producteurs. On y trouve en effet environ les 2/3 des distilleries écossaises… C’est-à-dire plus de distilleries actives que l’on en compte dans notre hexagone, sur une superficie environ 6 fois plus petite que l’Ile-de-France. Ajoutons à cela les nombreuses rivières qui parcourent la région, les paysages verdoyants au milieu desquels des champs d’orge se font difficilement une place, les châteaux, autrefois propriétés des highlanders et la mer du nord qui baigne la côte septentrionale. On y est, le paradis a désormais un nom : Speyside.

C’est ici que se trouve GlenAllachie, une distillerie fondée en 1967 qui a été la propriété de différents grands groupes -dont Pernod Ricard- avant de finir en 2017 dans les mains de Billy Walker, un acteur bien connu dans le milieu du whisky écossais. Billy travaille alors avec un objectif principal en tête : transformer cette distillerie très peu connue, et dont les jus sont majoritairement présents au sein de blends, en une marque de single malt avec une identité propre, reconnaissable. Pour cela il va s’appuyer sur ses connaissances et le matériel de la distillerie mais aussi et surtout sur les stocks toujours présents dans les chais au moment du rachat ! En effet, au moment de faire l’inventaire, les fûts les plus vieux remontent à 1978, parmi lesquels des ex-fûts de bourbon, de PX ou encore d’Oloroso. On imagine facilement tout ce qui doit être possible de faire avec un éventail aussi large de jus.

La marque est donc créée, rapidement enrichie de plusieurs single malts avec compte d’âge : 8, 9, 10, 11, 12 mais aussi 15, 18 et 25 ans, avec des finishs variés. Y a de quoi faire ! Evidemment on a goûté une bonne partie de la gamme pour me faire un avis général.

GlenAllachie 8 ans • 48% • Rye finish

Assez clair, une couleur proche d’un vin blanc. Au nez c’est super frais et vif, sur la pêche, la vanille et le caramel. Un petit côté eau de vie. En bouche c’est différent, légèrement piquant, sur le bois et les épices. C’est aussi ce qu’on retrouve sur la finale, courte et sèche. C’est pas mal travaillé mais pas mon style.

GlenAllachie 10 ans brut de fût • 58,2% • 4 fûts : Bourbon, Chêne neuf, PX et Oloroso

Avant même d’y plonger les lèvres, on voit qu’il est bien plus huileux et gras que le précédent, avec une belle couleur cuivrée. Au premier nez, j’ai eu l’impression de sentir un rhum ! C’est très marqué par les fruits exotiques, banane, ananas, et toujours avec le caramel et la vanille apportés par les fûts de Bourbon. En y revenant on trouve tout de même quelques notes épicées, sans doute apportées par le chêne neuf, et des arômes de noisette et de cacao. En bouche c’est un peu moins complexe, mais toujours délicieux. Le caramel ressort un peu plus, accompagné d’arômes d’agrumes et d’un boisé plus marqué. On a ici une finale plus longue que sur le 8 ans, où on retrouve les notes de chocolat qu’y avait au nez. Très belle découverte pour un whisky de seulement 10 ans !

GlenAllachie 12 ans • 46% • 3 fûts : Chêne neuf, PX et Oloroso

Doré, toujours un peu gras. Semblable au précédent au niveau du nez, bien qu’un peu plus simple. Quelques notes de coco et de cannelle accompagnent la vanille et le caramel. Bien marqué par les épices en bouche. Gingembre et poivre noir donnent un coup de fouet aux notes de fruits. La finale est la prolongation de ce qu’on trouve en bouche, simplement un peu plus boisée.

GlenAllachie 15 ans • 46% • 3 fûts : Bourbon, PX et Olorso

Quelle couleur ! Vraiment très foncé, l’influence des fûts de PX et Oloroso est déjà visible à ce niveau-là. Et ça se confirme dès qu’on y met le nez ! Caramel, noix, noisettes, raisins secs, caramel … c’est hyper gourmand ! En bouche c’est une fois encore moins complexe qu’au nez, avec des épices et un côté presque pimenté accompagné par des notes de cacao et de fruits dans un style « figue séchée ». La finale est chaude, boisée et toujours épicée. Le travail sur les fûts est remarquable.

GlenAllachie 18 ans • 46% • 3 fûts : Bourbon, PX et Oloroso

Derrière sa couleur dorée se cache un nez sur la pomme, la poire, la réglisse et les fruits à coque. On y retrouve aussi toujours le côté épicé et vanillé qui semble faire partie de l’ADN de la gamme. En bouche c’est beaucoup plus frais que ce à quoi on pourrait s’attendre. Malt, céréales, miel. Le sherry est plus discret en bouche cette fois-ci, mais on le retrouve au niveau de la finale, où il est bien présent.

A noter que l’ensemble de la gamme dégustée est embouteillée sans coloration ni filtrage à froid, ce qui est toujours un plus appréciable. GlenAllachie propose donc une gamme de single malts qui présentent tous un même ADN, avec sur chacun un arôme nouveau, ou plus marqué. C’est bien travaillé, l’influence des fûts est toujours vraiment lisible dans le produit final. Si je devais n’en choisir qu’un, je pencherais pour le 10 ans, qui a un nez magnifique et une finale plus longue grâce à son degré d’alcool plus élevé. Ils sortent aussi fréquemment des éditions single cask millésimées. Je n’ai pas eu la chance d’y goûter mais si la qualité est au même niveau que le reste de leurs produits ça doit être fabuleux !


Pour en savoir plus : theglenallachie.com

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