Samedi 24 septembre. 23h15. Ballet de berlines devant l’Opéra Garnier en hommage à l’opening de la nouvelle saison dirigée par celle qui a eu la peau du prodige Millepieds. Mal fagoté dans votre redingote –formal dress code exige- vous filez vers le nord, sans troquer votre apparat contre un tee shoppé à Dover Street Market.

opera chagall

Arrivé au Consulat, dernière création du gourou Bensemoun, imaginé au sein de ce qui pourrait s’apparenter à un hôtel particulier huppé du 9ème, vous vous acquittez de la dîme pour pénétrer dans le lieu éphémère. Sorte d’espace dans le moto « alternatif-culturel-festif », dernier snobisme du parisien ayant fui l’outrancier So-Pi pour Clichy, version clean (sans tox et autres personnes de mauvaise compagnie). L’éphémère c’est ce qui fait jouir le mondain en mal d’aventure, en ce moment. Gran Train, la Friche, Dock B, Le Consulat, tous ces lieux ont un point commun : celui d’être éphémère. Souvent à ciel ouvert, parfois excentré, ces derniers sont les best sellers du dernier été. Le concept se décline la plupart du temps autour de plusieurs caractéristiques ; le lieu est généralement un ancien bâtiment industriel ou ce qu’il en reste, décoré assez sommairement, dans une mouvance écolo-alternative, tendance hippie-partage. Difficile de discerner la volonté creative et éthique du simple concept marketing dont le destin est d’être érigé en snobisme.

Le soleil se faisant de plus en plus timide et l’envie de se retrouver dehors, à 10 degrés n’étant pas très engageante, il est temps de dire adieu à toutes ces adresses pour découvrir ce que les noctambules nous ont confectionné, à six pieds sous terre, dans des caves où la chaleur n’a d’égale que la qualité des breuvages… Entre ouverture surmarketée qui devrait faire pschiiit et paris très risqués, la rentrée nous dévoile ses aspérités !

// TOUT FRAIS.

Bluebird, Paris 11. Dernière ouverture de l’équipe Liquid Corp (huit bars et restaurants dans Paris dont le Dirty Dick, Moonshiner, Louie Louie, Le Kremlin, Rock & Roll Circus, …), le Bluebird -dont le nom est emprunté au poème de Charles Bukowski- vient d’ouvrir ses portes au cœur du quartier Charonne. Dans ce bar à cocktails faisant écho aux années 50 californiennes et positionné sur le gin, Pasa Omerasevic, Danilo Grenci et Pedro Martinez twistent les cocktails du genre du classique au low alcohol. Le lieu est petit et l’ambiance excellente ! C’est où ? 12 rue Saint Bernard 75011 Paris.

Bluebird Paris

Fitzgerald, Paris 7. Caché derrière un bistro chic dont le décor balance entre authenticité et modernité, comptoir en marbre, escalier en colimaçon, parquet, murs bleus et carreaux de ciment pour un look fifties, le lieu imaginé par Guillaume Bénard -et dont la cuisine est supervisée par l’ancien chef des Bains Douches Michaël Riss- se dévoile derrière une épaisse porte capitonnée. Salon feutré, papier peint édité par Arte mixant jungle et flamands roses, banquettes de velours moirés et 30 références de gins. Niveau cocktails, on joue les twists de classiques sans prendre de risque. Rien de révolutionnaire mais ça défrisera les bigoudis de la Rive Gauche ! C’est où ? 54 boulevard de la Tour-Maubourg 75007 Paris.

Le Fitzgerald Paris

Nuits Fauves x Wanderlust, Paris 3. À quelques mètres sous la chrysalide verte du Wanderlust, gronde « Les Nuits Fauves », club éphémère au sarcophage de béton. Atmosphère berlinoise, repaire pour beats et amateurs d’électro, il a été l’un des lieux les plus fréquentés de l’été. Bref, un Wanderlust, en plus sauvage. Cet hiver, les deux lieux fusionneront, en moins bien. C’est où ? 32 quai d’Austerlitz 75013 Paris.

Nuits Fauves Wanderlust

Grands voisins, Paris 4. On accouche plus à l’hôpital St Vincent de Paul. Ou si, on a accouché d’un formidable projet : désaffecté, le lieu qui s’étend sur pas moins de 3,2ha a été repris et repensé par diverses assos en un fantastique lieu de vie arty-alternatif-festif. À l’instar du Hangar Darwin à Bordeaux ou du Hangar à Bananes à Nantes, Paris a désormais son lieu de cultures alternatives. En plein cœur des jardins de l’ex Pouponnière, ce lieu décliné en un quartier abrite des associations, un bar-resto de street food ainsi que des start-ups et autre pépinière pour jeunes entreprises à forte croissante. Profondément écolo, on trouve, en déambulant, des ruches, un poulailler, un potager mais aussi un camping ainsi qu’un centre d’hébergement social. Cette mixité aussi bien sociale que culturelle et artistique teinte le lieu d’une dynamique créative certaine et d’un parfum de liberté. De l’ancien hôpital, le lieu à conservé ses stores jaunâtres, crasseux mais si typiques de l’APHP. Au rythme où l’état cède ses biens, on espère bien paresser prochainement en face, à Cochin. C’est où ? 82 avenue Denfert Rochereau 75014 Paris.

Grands Voisins Paris

Electric (new version), Paris 15. Après un an de travaux, le curieux lieu niché en haut d’un des bâtiments du Parc des Expositions de la porte de Versailles vient de réouvrir ses portes. Désormais affublé d’un magnifique « Bridge » comme le service presse l’a appelé si sobrement, tout de verre vêtu, véritable pièce du lieu dans lequel l’opening s’est déroulé, accueille les fêtards pour des nuits électroniquement pointues. Le 15ème revit. C’est où ? 1 Place de la porte de Versailles 75015 Paris.

Electric Paris

Scandale, Paris 9. On ergotera pas dans cet article sur le fait que So-Pi est devenu terriblement conformiste et que Clichy, c’est mieux, mais force est de constater que ce dernier attire encore des investisseurs et autres industriels de la fête. En témoigne la reprise du Scandale, bar à cocktails shakés dans une ambiance rock n’roll, par le créateur de la Maison Sage -qu’on attend toujours, soit dit en passant- Thomas Goetschy. C’est où ? 4 rue Viollet le Duc 75009 Paris.

Le Scandale Paris

La Friche, Paris 11. Surpr!ze, l’agence créative qui pilote Concrète et Hors Série, a eu l’originale idée d’ouvrir un espace récréatif à ciel ouvert du côté de Richard Lenoir. Étendu sur plusieurs centaines de m2 de décors champêtres, on trouve plusieurs bars et une scène pour des lives. Surpris ? Loin, de là. C’est où ? 66 rue Richard Lenoir 75011 Paris.

La Friche Richard Lenoir

Gentlemen 1919, Paris 8. A première vue, un barbier-coiffeur mais au fond du lieu, une porte discrète qui ouvre sur un bar et un fumoir à cigares. L’espace -100% masculin au premier abord- n’est évidemment pas interdit aux femmes, dans une décoration brutes de bois, cuir et métaux. A deux pas du Mathis, le coupe-choux en plus. C’est où ? 11 rue Jean Mermoz 75008 Paris.

Gentlemen 1919

// HOT HOT HOT.

Dock B, Pantin. Les pubards l’avaient investi, les fêtards -souvent les mêmes- l’adouberont. L’ancien port de Pantin est devenu l’objet de tous les désirs. Après New York, Berlin, Bordeaux et de nombreuses villes où les casquettes en velours et mono-pignons règnent, c’est au tour du nord-est parisien de réhabiliter ses friches industrielles en lieux culturels, pour le snob, et festifs, pour le fric. Après l’installation de BETC dans un immeuble aussi fantastique d’un point de vue écologique qu’architectural, ce sont les créateurs de la Bellevilloise qui larguent les amarres dans cette ancienne zone d’activité pour y implanter un concept store, un speakeasy et un coffee shop. Underground, dans son jus et exotique, le lieu qui doit s’intégrer parfaitement au quartier s’ouvrira totalement dans quelques mois. La programmation musicale est alléchante et l’excitation boboïte est à son paroxysme. Le Grand Paris, c’est maintenant. C’est où ? 1 place de la Pointe 93500 Pantin.

Dock B

Le Fou, Paris 2. Lassé par son périple dans les châteaux bourguignons ou pris d’une soudaine nostalgie de la nuit parisienne, John Whelan est de retour. Pour fêter ça comme il se doit, ce dernier, designer de métier, a imaginé un lieu nocturne, pas tout à fait atypique mais mystérieux, un speakeasy-jazz bar. Le décor, entièrement boisé et son comptoir en granit brésilien le hissent déjà dans le top des endroits les plus lookés. Situé en plein cœur du 2ème arrondissement, en lieu et place de l’ancienne Conserverie, l’ouverture du « Fou » a eu lieu pendant la Fashion Week. Seul ou accompagné, on oublie jamais ses classiques. C’est où ? 37 rue du Sentier 75002 Paris.

Pompon Magnifico, Paris 1. On l’avait regretté lors de sa soudaine fermeture. On l’avait annoncé à Pigalle, il est arrivé à Opera. Il s’est refermé aussi brutalement qu’il ne s’est ouvert. On l’a de nouveau annoncé à Pigalle, il s’établira finalement dans ce qui reste du Magnifique, autrefois prestigieux bar à cocktails, tombé en déliquescence, réduit à un vulgaire bar à plantes vertes. Il ne reste plus qu’à espérer que la malédiction ne poursuive pas le lieu et que les bisbilles avec les préposés au maintien de l’ordre public, ces rabats-joie de mauvaise augure qui avaient mis fin à la fête d’ouverture lors de la précédente Fashion Week, sont de l’histoire ancienne. Pérennité, un vain mot ? C’est où ? 25 rue de Richelieu 75001 Paris.

// CHUCHOTEMENTS.

Hors Série 2.0. Après avoir fait de la Gare Saint-Lazare, la destination clubbing la plus courue de Paris le temps d’une nuit, Surpr!ze planche déjà sur un second opus. Les rumeurs annoncent la tenue de celui-ci dans une autre gare, située un peu plus dans le sud. Il en reste encore 4 sur la ligne. Verdict à la fin de l’année.

The Bureau. Rasmus Michau, mondain invétéré et intello assumé, après avoir écumé tous les endroits « IN » pendant plusieurs années, est en train de confectionner un espace de co-working le long de la seine, intitulé « The Bureau ». Nul doutes que ce dernier intégrera des espaces festifs et récréatifs.

De l’autre côté du Carmen. On connaissait le nom de l’acquéreur de l’ex Dandy, Demarle et Bourdoncle, connaissait leur réputation, tous les cafés et endroits branchés de St germain à Gare de l’Est mais on ne connaît toujours pas la date d’ouverture de leur futur lieu qui devrait se décliner en un bar-restaurant.

Le retour du 105 ? Ce n’est pas la fermeture du Baron qui contrarie Mike Brice & Co. dans leurs projets. Après avoir ouvert un restaurant français aux accents exotiques, nommé Juvia, au 105 de la rue du Faubourg Saint Honoré, les incorrigibles fêtards songeraient déjà à une extension nocturne, version mini club. Le douteux « salon 105 » est en passe d’être réhabilité.

// OFF.

Ober Mamma Bourse, Paris 2. Mamma Primi tout juste sorti du four, voilà que Big Mamma Group va s’installer en lieu et place du Bizen (Bourse, Paris 2). Ce n’est pas moins de trois niveaux qui vont sortir de terre d’ici quelques mois. En parallèle, le groupe travaillerait sur une ouverture Rive Gauche.

Tokyo Eat, Paris 16. Quixotic Group (Candelaria, Mary Céleste, Glass, Hero) va prendre les reines du Tokyo Eat, resto branché du Palais de Tokyo.

Cité de l’Architecture, Paris 16. Après de nombreuses mésaventures, la Cité de l’Architecture devrait accueillir très prochainement les fidèles du groupe Noctis, au sein de son espace événementiel.

Hôtel ECC, Paris 9. Les bruits qui s’échappent des palissades du chantier, boulevard Poissonnière, augurent du meilleur pour le futur hôtel du groupe Expérimental. Désigné par l’architecte P. Maidenberg, à qui l’on doit notamment l’hôtel 34B et la réfection du Bel Ami, et décoré par la fidèle Dorothee Meilichzon, il devrait s’entrouvrir au public en début d’année 2017. La patience, un maitre-mot.

// FERMETURES ET MOUVEMENTS.

Fabric, Londres. La manifestation pour protester contre la décision du conseil municipal d’Islington, bourgade anglaise de laquelle dépendait le lieu, témoigne de l’importance que recouvrait la Fabric dans le paysage du clubbing Londonien. Malgré cette dernière, les pétitions, les soutiens des artistes mondiaux ayant effleuré les platines, le club qui a connu de nombreux incidents de sécurité, restera fermé pour de bon. C’est dommage, le lieu était desservi par la ligne de métro qui fonctionne désormais la nuit. Bad timing.

Le Baron, Paris. Le néon rouge qui avait changé d’apparence en mars dernier suite à sa reprise par Mike Brice et Sifu a cessé de briller avenue Marceau. Le départ de La Clique a été fatal. Visiblement l’adage qu’André avait plaisir à répéter « No tops, no champagne » n’a pas été suivi par les repreneurs, trop intéressés par faire du fric avec un nom. On saluera tout de même la prouesse consistant à perdre les deux, en moins de 6 mois.

Calavados, Paris. Le réenchantement du mythe n’aura pas opéré plus d’un an. L’ex Black Calvados voit ses exploitants se suivre et se planter. Audren Dimitris et son acolyte Taylor Chiche ont mis fin à leur association, pour incompatibilité de projet. Reste à savoir si le lieu, propriété d’Addy Bakthiar, sera rebaptisé BC.

Le Coq, Paris. Cela faisait un bon moment qu’il était en vente, voilà maintenant sa fermeture officielle. La team Thierry Daniel et Eric Fossard -propriétaires des lieux- va se recentrer sur leur salon Cocktails Spirits et sans aucun doute sur d’autres initiatives.

// Aurélien Olivier