Jean Abou Jaoude est brand ambassador au Liban pour plusieurs marques : Giffard, Plantation, Ferrand Cognac, Citadelle et Luxardo. Il nous parle de son parcours hors du commun depuis ses débuts derrière le bar du restaurant familial à l’âge de 11 ans et des challenges de son métier tout en distillant quelques conseils…

Comment as-tu débuté ta carrière ?

J’ai commencé à travailler derrière un bar à l’âge de 11 ans. Ma famille avait un restaurant au Liban. Ils n’avaient pas beaucoup d’employés, je voulais aider mais je ne pouvais pas travailler en salle, j’ai donc commencé en me ‘cachant’ derrière le bar. J’aimais me concentrer sur les garnish même pour une simple limonade (rires). J’ai regardé beaucoup de vidéos de flair bartending et j’ai commencé à m’entrainer avec des bouteilles d’eau. J’ai d’ailleurs été suspendu de l’école à l’âge de 13 ans à cause de mon obsession. Je n’étais pas l’enfant typique qui joue avec ses copains.

Tu as commencé très jeune !

Oui, à l’âge de 15 ans, j’ai postulé pour un emploi dans un grand resort. Ils ne me prenaient pas au sérieux mais j’ai passé les tests haut la main et j’ai été embauché. Après 2 mois, j’ai été promu head bartender. Le problème est que je n’avais pas de mentor à qui poser de questions et qu’en tant que head bartender j’étais celui qui donnait les réponses. J’ai donc continué à regarder des vidéos de bartending. J’ai aussi beaucoup collaboré avec des chefs, appris à travailler avec des herbes, la clarification etc… Puis j’ai été consultant pour l’ouverture d’un bar, j’ai réalisé le menu et je me suis occupé de la formation. Par la suite j’ai été consultant pour d’autre endroits et en parallèle je m’entrainais au flair, je faisais beaucoup de fire shows, je suis devenu ‘the guy that does flairing’. J’ai d’ailleurs participé à plusieurs compétitions mais je n’ai jamais terminé premier.

J’ai ensuite travaillé dans un club comme bar manager, j’avais 18 ans et à 19 ans j’ai travaillé dans un hôtel de luxe en tant que head bartender malgré mes réticences. Je voulais être bartender mais avec mon CV déjà bien rempli pour cet âge ils voyaient du potentiel en moi. Je suis ensuite devenu le beverage manager du groupe : je devais gérer 7 outlets, j’avais une grande équipe de bartenders à former et manager. Je considère que ma carrière professionnelle a vraiment débuté à ce moment-là.

Puis j’ai décidé de devenir un free-lance beverage consultant avec une équipe de 46 bartenders divisés en bar catering, flair bartenders et placements dans des bars. J’ai notamment consulté pour une chaine de 18 restaurants, j’ai formé toute l’équipe et j’ai mis en pratique tous les aspects marketing. J’avais des objectifs à atteindre en termes de ventes et j’ai pu tester une autre façon de travailler et d’utiliser les ressources intelligemment. En parallèle, ma passion pour le flair ne m’a jamais quittée et j’en ai profité pour diversifier mes activités en ouvrant une école de flair bartending.

Everything happens for a reason

Je devais partir travailler à l’étranger mais mon visa venait d’être refusé lorsque j’ai rencontré celui qui m’a proposé le job de brand ambassador lors de sa visite de l’école de flair, par hasard ou par chance… Une ancienne connaissance rencontrée au début de ma carrière, il me connaissait aussi de réputation et m’a proposé le job de BA alors que le pays était en crise et que personne ne trouvait d’emploi à ce moment-là. Ma chance a été de travailler dans plusieurs groupes, de former beaucoup de bartenders qui me sont restés fidèles par la suite lorsque je travaillais à mon compte. Je m’entends bien avec tout le monde et je reste disponible pour les aider. C’était mon dream job ! Ces marques sont comme mes ‘bébés’, je ne parle que d’elles, je reste toujours positif et je ne dis jamais de mal de mes compétiteurs. Je pense qu’il faut juste réussir à identifier quelle marque correspond pour chaque endroit donc il n’y a pas de raison d’en vouloir à un compétiteur, personne n’est ennemi.

Quelle est ta ‘personal touch’ ?

Tous mes cocktails ont une histoire. Quelle soit personnelle ou non. L’un de mes ‘best sellers’ est un cocktail que j’ai créé pour un ami disparu. Je me concentre aussi sur la présentation des cocktails. Je me focalise pas mal sur les réseaux sociaux mais seulement en complément. J’ai besoin de lire le langage corporel, les réactions des gens pour pouvoir m’adapter donc je préfère être sur le terrain. Je fais attention à poster équitablement chacune de mes marques. Dans mon parcours, j’ai saisi toutes les opportunités, je suis resté concentré sur mes objectifs et je n’ai jamais cessé d’apprendre. Et tout est une question de connections.

Qu’est ce qui est le plus challenging ?

Mon principal challenge est de devoir travailler avec un portfolio premium, j’ai des marques avec et sans alcool dans un contexte religieux et en période de crise il faut savoir jongler et trouver les bons arguments de vente. Toutes mes expériences de training d’équipes m’aident énormément dans mon job au quotidien.

Et pour garder la forme ?

Je vais à la salle 3 fois par semaine et je prends un jour par semaine pour faire de la rando, de la natation etc… avec mon chien. Juste mon chien et moi. Je ne voyage jamais sans lui de toute façon. J’emporte mon téléphone pour prendre des photos de lui mais je ne réponds pas aux messages ni aux appels.

What’s next ?

Je veux continuer à progresser dans mon métier, j’ai commencé sur un marché local puis je m’attaquerai à une plus grande zone dans ma région.
Toutes mes expériences m’ont apportées des connaissances que je peux maintenant mettre en pratique. En parallèle, mon prochain projet est d’ouvrir mon propre bar, pour l’instant c’est à l’étude et d’ailleurs j’utilise les réseaux sociaux pour ça !