Les couleurs automnales s’estompent, l’hiver approche à grand pas ainsi que les fêtes de fin d’année. Je vous ai préparé une sélection hivernale de 3 bouteilles qui réchaufferont vos papilles et vous feront passer un bon moment au coin du feu, en bonne compagnie. Alors sortez votre plaid et votre plus beau verre de dégustation.

Big Peat Christmas Edition 2018 • 72€

Pour ouvrir le bal de cette sélection, je vous propose un whisky parfaitement dans le thème : le Big Peat Christmas Edition 2018. Pour cette 8ème Edition, la mise en bouteille nous présente la célèbre caricature du marin vêtu en père Noël, livrant des cadeaux dans une cheminée sur l’île d’Islay. Et ce n’est pas le seul cadeau qu’il peut nous offrir. Comme il est de tradition, ce whisky est embouteillé non filtré à froid et également brut de fût (53,9% au lieu des 46% habituels), ce qui nous offrira assurément chaleur et gourmandise. Douglas Laing a mélangé 7 single malts d’Islay parmi lesquels Caol Ila, Bowmore, Ardbeg ou bien encore le célèbre et rarissime Port Ellen.

Attendez-vous à de longues et puissantes notes cendrées, océaniques et enfumées. Au nez, vous aurez la signature habituel d’Islay à n’en pas douter. Une première vague de fumée (barbecue, feu de cheminée), de goudron chaud et de gouache. La seconde vague s’adoucit cependant, sur le bâton de réglisse, les fruits blancs, la pomme et les zestes d’agrumes. La bouche, comme son degré d’alcool l’annonce, est puissante et très intense. On note la présence appuyée de miel et de vanille dans une atmosphère bien tourbée. La finale est très longue et complexe. La cendre, le solvant, le charbon de bois sont dominants puis laisse place à une longueur plus végétale et médicinale. Cette édition est le cadeau idéal de Noël pour les amateurs de whiskies tourbés.

The Dalmore Port Wood Reserve • 78€

Pour la suite de cette sélection, tout en restant dans le domaine du malt, je vous propose de quitter le caractère et la tourbe emblématique d’Islay pour retrouver la gourmandise, l’onctuosité et la finesse souvent proposé par la région d’Highland. C’est The Dalmore Port Wood Reserve que je mets à l’honneur et qui mérite sa place pour accompagner vos fêtes de fin d’année en tant que digestif ou même apéritif. Cette cuvée à 46.5% est issue d’un assemblage unique de whiskies élevés en ex-fûts de bourbon avant d’être affinés et soigneusement sélectionnés dans des fûts de Porto Tawny du vignoble de W&J’s Graham’s au Portugal.

On retrouve alors un single malt majestueux et raffiné, orchestré par une suite de notes fruitées et onctueuses. Le nez, plutôt doux, est orienté sur les fruits rouges, l’orange mais également la prune et la rondeur du caramel. La bouche est crémeuse et ne fait pas défaut au nez. On ressent bel et bien les fruits rouges en abondance ainsi que les agrumes puis un coté délicatement torréfié fait sont apparition : café, châtaignes grillées, caramel brûlé, vraiment délicieux et harmonieux. La finale, tout en adéquation, nous laisse une pointe d’acidité semblable à la groseille, se poursuivant par l’amertume du café, pour finir sur les fruits noirs, le raisin sec et la cerise confite. Il est marqué par des notes de fruits noirs, d’oranges, de caramel, de café avec un finish révélant des cerises et des raisins secs. Au final, Dalmore Port Wood Reserve est un whisky complexe et riche à n’en pas douter dont vous n’aurez aucun mal à marier avec un mets festif de cette fin d’année.

Don Papa 10 ans • 69€

Pour finir cette sélection, nous allons quitter notre chère et tendre écosse ainsi que notre bon vieux malt en échange de canne à sucre et d’un climat plus tropical, je veux bien sûr parler de la boisson favorite de tout pirate qui se respecte : le Rhum. Pour cette sélection j’ai choisi le Don Papa 10 ans 43%, qui est dans la continuité de sa version en 7 ans mais avec un gain de complexité. Ce rhum venant des Philippines est produit exclusivement à base de mélasse produite sur l’île de Negros. Cet assemblage très riche en sucre sera ensuite distillé dans des alambics à colonnes avant d’être élevé pendant 10 à 16 ans au pied du volcan Kanlaon, dans d’anciens fûts de chêne américain ayant auparavant contenu du bourbon. Ces fûts ont été « re-toastés », c’est à dire légèrement brûlés à l’intérieur. C’est un processus qui apporte plus d’intensité ainsi que des notes intéressantes de torréfaction, de fumée et surtout de vanille, souvent très marquantes. En raison du climat très chaud et humide, la part des anges est très importante et les Philippins, par tradition, ne pratique pas l’ouillage. Il en résulte un produit fini encore plus concentré en arômes, en intensité, avec une robe sombre presque prune. Ce Rhum n’arrête sans cesse de me rappeler les fêtes de Noël ou plus précisément le pain d’épice et les fameux Bredele que l’on mange en Alsace pour l’occasion.

La richesse du nez dévoile une abondance d’arômes (peut-être un peu trop prononcés) marqués par des notes d’agrumes, de fraises Tagada, de vanille, de chocolat et en toute fin le cake aux fruits confits. La bouche, sans surprise, est très sucrée, douce, gourmande, avec une succession de notes marquées de cacao, d’agrumes, de fruits secs et de pain d’épice (peut-être trop présent). La finale, très longue en épices et en sucre, nous laisse la bouche sèche. La richesse en fruits secs et en agrumes s’estompe peu à peu sur la vanille et le cacao maigre. Vous l’aurez compris, ce spiritueux beaucoup plus doux et sucré, accompagnera parfaitement tout vos desserts, qu’il soit bu sec ou sur glace en fin de repas. Mais également, quelque chose me dit par ailleurs, qu’il pourrait sans nul doute faire sensation en cocktail : 4 beaux glaçons, un peu d’Angostura Bitter, un généreux zeste d’orange et vous obtiendrez un old fashioned gourmand et épicé.