Nous avons eu la chance de discuter avec Gayle Seale, Global Brand Ambassador pour Foursquare Rum Distillery. Elle nous parle de l’entreprise familiale, son amour du rhum et comment elle approche son job #rumfamily. Elle est aussi ambassadrice de l’intégralité des rhums des Barbades qui se battra pour les valeurs auxquelles elle croit #savebarbadosrum. Gayle n’est pas avare de son temps pour aider les autres et partager ses connaissances, et a même réussi à créer un tel impact sur l’industrie que le grand Ian Burrell a créé un cocktail pour elle (recette dans l’interview) !

Salut Gayle ! Peux-tu te présenter ?

Je suis Global Rum Ambassador. Contrairement à beaucoup de brand ambassadors, je n’ai pas débuté en tant que bartender, j’étais maitresse Montessori puis photojournaliste. En épousant Richard Seale, je suis entrée dans la famille du rhum. Mon expérience et ma connaissance viennent de toutes ces années passées a cote de Richard lorsqu’il a créé sa distillerie. Il m’a transmis sa passion et l’envie de travailler dur ce qui me permet de parler de nos marques et d’aider à les vendre. Ces marques sont dans mon sang maintenant.

J’ai de la chance de travailler pour – et de partager – notre marque familiale et non de devoir raconter une histoire. Le rhum est ma vie plus que mon travail. Pour être honnête je ne gère pas les comptes et les chiffres. Mon travail est de parler de ce que l’on fait. Mon travail est facile d’une certaine manière car je parle de toutes les choses passionnantes qui se passent à la distillerie. Nous produisons le meilleur rhum que nous pouvons. Richard met cœur et âme dans chaque bouteille. Nous avons la possibilité de prendre notre temps car nous sommes encore une petite distillerie familiale. Nous produisons plusieurs marques et il y a toujours quelque chose de nouveau à l’horizon. Chaque jour est diffèrent. Cela ne fait pas de mal non plus d’avoir gagné le ‘ISC Rum Producer’ de l’année sur 4 ans et le ‘IWSC’ sur 3 ans !

Qu’en est-il de votre engagement pour l’environnement ?

En tant que Canadienne, j’ai grandi en me sentant concernée par l’environnement. Je suis ravie de pouvoir dire que nous venons d’installer des panneaux solaires sur notre entrepôt de distribution. Nous récoltons le CO2 du processus de fermentation et l’utilisons dans des sodas locaux. Nous avons installé un système complet de traitement des déchets dès la création de la distillerie et tous nos déchets solides sont envoyés par bateaux aux Etats-Unis pour être utilisés comme nourriture pour du bétail. Les eaux usées sont filtrées et utilisées pour arroser nos pelouses sur la propriété ce qui est indispensable pendant la saison sèche. Je considère Foursquare comme le Disney World du rhum, c’est mon endroit préféré pour travailler. Nous prenons soin de nos terres et les bâtiments sont construits en pur style traditionnel barbadien. Je me sens très chanceuse lorsque j’y marche tous les jours, entourée de ces belles couleurs, en souriant.

Comment organises-tu ton travail ?

Comme nous sommes une petite société familiale je gère toutes mes taches et activités moi-même. Je partage une fantastique assistante, Julie Ann, avec Richard et Sir David. Je réserve mes billets d’avion et d’hôtel et je gère mon agenda. Lorsque je suis à la maison, sur l’ile, je marche très tôt le matin pour admirer le lever du soleil et me vider la tête avant de commencer la journée. Je donne à manger à mes chiens et je passe un peu de temps avec eux. Puis je me rends à la distillerie, qui est vraiment un de mes endroits préférés. Mon bureau et mon studio photo se situent dans notre usine d’embouteillage. Répondre aux emails occupe pas mal de mon temps. Planifier ma prochaine aventure « rhum » autour du monde aussi. Je suis en contact direct avec nos équipes de distribution dans le monde qui m’aident à orienter mes voyages.

Lorsque je planifie un voyage, ils sont mon premier point de contact en me conseillant sur les endroits où nous devons nous rendre. Je suis aussi en contact avec la plupart des bartenders et managers donc cela me permet de savoir qui a besoin d’un peu de ‘Foursquare love’ et qui souhaiterait avoir une formation ou bien un pop-up ou encore des clubs de rhum. J’essaye au maximum d’utiliser mon temps efficacement et prendre le temps avec le plus de gens possibles. Parfois j’ai besoin de plus de 24h dans la journée ! Un jour j’ai réussi à me déplacer dans 4 pays en une journée, petit déjeuner en Dominique, déjeuner aux Barbades, dîner à Miami et cocktails au Puerto Rico !

Comment arrives-tu à gérer un marché international ?

Chaque marché est un challenge différent. J’essaye de m’assurer que j’atteins le plus de marchés possible. J’ai poussé pour ouvrir Puerto Rico l’année dernière et pour moi cela a été une super aventure ! S’aventurer sur une ile qui produit énormément de rhums est toujours difficile. On y est rentré ‘petit’. Respecter les concurrents est important. Je suis contente d’avoir beaucoup d’amis chez Don Q et Bacardi et je leur ai parlé de notre arrivée au Puerto Rico. Etre honnête est quelque chose de très important pour moi. Je suis toujours directe et franche. Les Portoricains nous soutiennent énormément et sont très accueillants donc je veux m’assurer d’y retourner plusieurs fois par an.

Quels sont pour toi les bons et les mauvais côtés de ton job ?

La vie en tournée est fun. Le challenge est d’essayer – et d’inclure – tout ce que je veux faire et d’avoir le temps de dormir et manger. Passer du temps sur la route avec les autres brand ambassadors que j’appelle #rumfamily (la famille du rhum) est une partie très appréciable de mon job. On prend le temps de se retrouver ensemble pour passer des moments privilégiés. Le ‘breakfast club’ est un moyen de le faire. Prendre son petit déjeuner est très important quand on est en voyage. On s’assure aussi qu’il y a de quoi grignoter sur les évènements, que tout le monde a de quoi manger et le temps de prendre des pauses pour aller aux toilettes. C’est normal sur les petits évènements de voir des concurrents s’entraider et travailler les uns avec les autres, se remplacer de temps à autre sur les stands pour que tout le monde puisse prendre une pause. Zan et moi avons souvent des options sans gluten grâce à Alison B. J’aime aussi énormément passer du temps en dehors des bars et restaurants avec ma famille du rhum. A Tales on Tour, Don Q a organisé un nettoyage de plage et cela a été un super évènement. L’industrie travaille souvent à aider les communautés. L’un des avantages de mon job est ma famille du rhum. Un autre gros avantage est de pouvoir voir mes enfants lorsque je voyage. Notre fille est à Londres et nous y passons toujours une nuit lors de chaque voyage européen pour diner avec elle. Notre fils travaille dans l’industrie pour Velier et il habite en Italie. Nous le voyons lors d’évènements autour du whisky et des spiritueux autour du monde. La partie de mon travail que je préfère est de rencontrer des gens qui deviennent ma famille du rhum. J’aime le monde du voyage mais je n’apprécie pas particulièrement vivre avec des valises.

Vivre en tournée peut être difficile pour certains et manger à l’extérieur tous les jours peut sembler fun mais ce n’est pas si glamour que cela. J’ai la chance d’avoir Richard avec moi la moitié du temps ce qui est moins stressant pour moi. Je prends du temps le matin pour manger et faire du sport. Manger sainement sur la route peut être compliqué mais il y a de plus en plus d’options possibles. J’aime marcher et mon objectif est de faire au moins 5km par jour. Prendre le temps de faire du sport n’est pas évident. Je voyage avec un mini kit de gym. Cela me permet de faire des exercices en utilisant ma propre résistance. Ça aide vraiment lorsque je n’ai que 20 minutes et ça tient dans une main donc c’est facile à emporter. C’est toujours compliqué de faire sa valise, en prendre plus est facile. Je n’ai que des vêtements qui vont ensemble donc cela me permet d’en emporter moins. Et connaitre l’étiquette sociale de chaque pays est important.

Comment utilises-tu les réseaux sociaux ?

Avec mon expérience de photographe, cela nous facilite la tenue du compte instagram. J’adore prendre des photos. Nous avons un compte pour la société et j’ai un compte personnel et je suis aussi en charge du compte ‘Guardians of rum’. Cela demande beaucoup de temps et de créativité de s’occuper des trois en même temps. J’aime garder le compte pro et perso assez similaires. Pour le compte pro je vais prendre des photos de bouteilles, cocktails et bartenders et j’essaye de me focaliser sur la marque et je m’assure de soutenir les bars et restaurants que je visite. Pour le compte perso j’aime faire des selfies avec les bartenders que je respecte et les gens avec qui je suis. Je prends aussi des photos de mes chaussures à chaque fois que je voyage. J’ai un sweatshirt avec mes converse et ma phrase favorite ‘this does not suck’ imprimés sur le devant et mon Daiquiri sur le dos. C’est amusant de pouvoir partager mon cocktail avec des inconnus lorsque je voyage, on me pose souvent la question lorsqu’on me voit avec mon sweatshirt.

Parlons de ton cocktail : le Gayle Seale Daiquiri !

Je suis tellement honorée d’avoir un cocktail à mon nom. Le Gayle Seale Daiquiri de Ian Burrell (ndlr Global Rum Ambassador). Il a pris tous mes ingrédients préférés et les a intégrés dans un cocktail qui représente les Barbades et tout ce dont je parle tous les jours. J’adore le daiquiri. Le Corn’n’Oil veut dire cocktail des Barbades. Je suis vraiment honorée de le voir sur des menus autour du monde. En Décembre dernier, pour mon anniversaire, ma famille du rhum a décidé de déclarer le 30 décembre : le Gayle Seale Daiquiri Day. J’étais très touchée, c’était très fun et j’ai ressenti tellement d’amour ce jour-là. Il y a eu des fêtes ‘Gayle Seale Daiquiri’ dans quelques-uns de mes bars préférés autour du monde et tout le monde portait un tshirt identique à mon sweatshirt qui porte les impressions de mes converses, ‘This does not suck’ et ma recette de daiquiri. BEST DAY EVER.

The Gayle Seale Daiquiri

50 ml Doorly’s XO
25 ml Jus de citron vert
15 ml JD Velvet Falernum
5 ml Sirop de sucre
3 traits Angostura Bitters

Comment gères-tu la compétition entre les marques?

Se focaliser sur sa marque est important mais pousser la catégorie du rhum est nécessaire. Je suis la première à poster une photo d’un cocktail d’un concurrent lorsque je suis en voyage et que ma marque n’est pas disponible. Je participe aussi aux évènements lorsque je suis invitée par d’autres marques pour montrer mon support. J’aide aussi quelques jeunes bartenders en ligne. Je leur donne la possibilité de s’exprimer et je les conseille. Mon motto est ‘un problème partagé est réduit de moitié’ (a problem shared is a problem halved). Nous sommes la famille du rhum !

Peux-tu nous parler du mouvement ‘Save Barbados Rums’ ?

Depuis quelques mois nous avons combattu avec acharnement pour la protection de l’industrie du rhum des Barbades. #savebarbadosrum Cela fait plus de 300 ans que le rhum est fait ici de la même façon. Levure d’eau et molasses/jus de sucre de canne/sirop de sucre de canne. Il y a une nouvelle compagnie étrangère qui ajoute du sucre, entre autres, pour rendre leur alcool acceptable en bouche et prétend que c’est un honnête rhum des Barbades. Cette compagnie demande un prix pratiqué pour un rhum des Barbades alors que ce n’est qu’un ‘flavoured rum’. Nous essayons donc de protéger l’intégrité et l’honnêteté des rhums des Barbades. Nous ne leur demandons pas d’arrêter d’en produire, nous leur demandons juste d’être transparent et d’arrêter de l’appeler ‘Barbados Rum’. Tout l’intérêt est de faire en sorte que l’étiquette ‘Rhum des Barbades’ est totalement honnête. Imaginez si quelqu’un décide d’ajouter du sucre ou de la glycérine dans le Scotch whisky et vous dit que c’est un vrai Scotch whisky ? Sauvons le Rhum des Barbades.

Quels sont les challenges de ton métier ?

Travailler dans l’industrie peut être difficile et les gens attendent beaucoup de vous. Nous devons rester en bonne santé surtout dans cette industrie. La plupart des gens pensent que nous devons tout manger et tout boire. Je passe plus de temps à parler que boire. Je suis quasiment sûre que c’est pour cette raison que Richard me laisse partir seule la moitié du temps, pour être un peu tranquille ! Foursquare n’est pas un rhum pour faire des ‘shots’. Comme je le dis toujours, le rhum doit être partagé en conversant avec des amis. Il y a toujours une mentalité du ‘shot’ dans notre monde mais je ne le fais pas, ce n’est pas vraiment mon truc. J’ai pris un ‘shot’ pour célébrer le dernier shift dans le bar d’un hôtel d’une bartender célèbre avant qu’elle n’ouvre son propre bar, j’ai aussi bu quelques ‘shots’ avec des amis au cours des années mais ce n’est pas quelque chose que j’encourage. C’est mon choix. C’est peut-être dû au fait que je suis une maman et je suis honnête et franche à ce propos mais personne ne me force à en boire. Je porte aussi un pin’s ‘Je ne bois pas’ quand j’ai besoin de faire un break. C’est un super pin’s pour notre industrie car la santé mentale est extrêmement importante. J’ai un principe quand je visite des clients, trois visites et un verre dans chaque endroit, je discute et je rentre. Je choisirai toujours un verre de socialisation plutôt que quelques ‘shots’.

As-tu des conseils pour les débutants ?

Apprendre à emporter le strict minimum dans la valise. Apprendre les règles d’importation de chaque pays où vous allez. Apprendre les us et coutumes de chaque pays où vous vous rendez. Les manières sont vraiment primordiales. Etre honnête, travailler dur. Ce n’est pas aussi glamour qu’il n’y parait mais c’est un super job. Une carte ‘Global entry’ permet de gagner du temps à l’immigration. Garder du temps entre les vols connectés. Essayer de ne pas être en retard. Etre respectueux. Les ‘shots’ ne sont pas obligatoires. Un ambassadeur global doit tisser des relations réelles avec les personnes travaillant dans l’industrie. Si vous avez besoin d’aide, n’hésitez pas. Vous n’êtes pas seuls. #rumfamily