Au cœur du 1er arrondissement de Paris, Isadora dévoile Forever 27, une carte de cocktails en hommage aux icônes foudroyées du Club des 27. Un projet à la fois intime et incandescent, porté par deux barmen virtuoses, qui mêle technicité pointue et émotion brute. Plongée dans un dive bar comme il n’en existe plus à Paris, où la nuit ne s’arrête qu’au lever du jour.

L’atmosphère d’Isadora

À deux pas du Louvre, Isadora s’impose comme un ovni précieux dans le paysage noctambule parisien. Plus qu’un simple bar à cocktails, c’est un dive bar élégant, confidentiel et vibrant, où l’on peut siroter un verre jusqu’à cinq heures du matin – une rareté aujourd’hui à Paris qui n’est plus à la fête, n’en déplaise à Hemingway.

Lumières tamisées et bougies sur les tables, déco aux textures chaudes, rideaux épais et énergie rock font d’Isadora un boudoir nocturne à part, propice aux rencontres, aux confidences et aux échappées mentales. L’ambiance n’est jamais figée : elle évolue au rythme des DJ sets, des expositions ou des invités internationaux qui prennent ponctuellement possession du comptoir. Un lieu vivant, profondément sensoriel, qui brouille les frontières ; Isadora ne se contente pas de suivre la nuit, elle l’habite, la sculpte et l’amplifie.

Un duo de bartenders à la fois technique et sensible

Derrière cette nouvelle signature singulière, un duo complémentaire : Maxime Caillet et Charly Clain. Tous deux barmen aguerris, ils incarnent deux facettes d’une même exigence. Maxime, biberonné à l’imaginaire du cinéma, compose des cocktails narratifs, riches en textures et en ruptures de rythme. Son approche est cinématographique, presque chorégraphiée.

Charly, lui, est un artisan de l’instant, instinctif et curieux, qui construit ses créations comme des portraits sensoriels. Plus brut, plus direct, il traduit les émotions en matière, en chaleur, en contrastes francs. Ensemble, ils forment un binôme rare : à la fois technique et à l’écoute, exigeant mais accessible, nourri d’échanges constants avec leur clientèle. Leurs styles se frottent, se complètent, et donnent naissance à des créations aussi lisibles que profondes, un langage à deux voix.

Forever 27 : un hommage aux icônes disparues

Le nouveau menu, intitulé Forever 27, puise son inspiration dans le mythique Club des 27, ce cercle maudit d’artistes morts à 27 ans — de Robert Johnson à Amy Winehouse, en passant par Jimi Hendrix, Janis Joplin ou Kurt Cobain. Chaque cocktail est pensé comme un hommage, un fragment d’âme capturé dans un verre, une évocation sensible de ces artistes disparus trop tôt.

La carte se lit comme un carnet de notes griffonné dans la pénombre, ponctué de références musicales, de textures contrastées et d’accents poétiques. Le graphisme même du menu prend une inspiration sans détour du travail de Jean-Michel Basquiat – lui aussi membre du Club – avec une esthétique brute, nerveuse, habitée. Un parti pris fort, en parfaite résonance avec l’identité d’Isadora : libre, engagée, indocile.

Les cocktails du menu : entre rock, poésie et technique de haut vol

Parmi les huit créations originales, chaque verre porte le nom d’une icône et traduit en bouche son univers. Me and the Devil, hommage à Robert Johnson, mêle bourbon, poire, foin et poivre long dans une composition chaude et boisée. No Jones, No Stones rend hommage à Brian Jones avec un gin Anaé twisté par de l’olive, de la mangue et du rhum agricole, pour un profil salin et herbacé. Purple Haze, clin d’œil psychédélique à Hendrix, marie rhum cubain, myrtille, vermouth et absinthe dans un verre complexe et structuré. Janis Joplin trouve sa voix dans Pearl, une tequila brute enrichie de cerise, de vanille et de graines de tournesol.

King Lizard, évocation de Jim Morrison, joue la tension entre whisky, figue de barbarie, rhubarbe et sauge. Plus audacieux encore, Same Old Shit, hommage à Basquiat, mélange cognac, rhum, champagne, melon et coriandre dans une composition clarifiée au lait de soja. Kurt Cobain se retrouve dans Pennyroyal Tea, distillat mentholé au pennyroyal et liqueur nordique, éthéré comme un cri sourd. Enfin, Back to Black cocktail amer et acide, célèbre Amy Winehouse à travers un accord de gentiane, fraise, amontillado et vinaigre d’IPA gazéifié.

Deux des recettes – No Jones, No Stones et Back to Black – existent également en version sans alcool, preuve d’un engagement inclusif qui ne sacrifie rien à la créativité. Mention spéciale pour le format dégustation : un set de quatre Tiny cocktails à 30 €, pour les plus indécis — ou ceux qui, comme nous, aiment tester toute la carte !

Une carte vibrante, un manifeste rock

Avec Forever 27, Isadora signe une carte à la fois poétique, technique et émotionnelle, qui affirme une vision du bar comme lieu d’expression artistique. À une époque où l’on parle souvent de storytelling en mixologie, Isadora le pratique avec sincérité et profondeur. Plus qu’un hommage, cette carte est une déclaration d’intention : ici, Isadora ne cherche pas la tendance, mais sa vérité. Et dans chaque verre, on boit un fragment de nuit, mortellement arty.