Derrière ce titre, un brin racoleur, se cache l’un des plus beaux cadeaux qu’une marque de whisky puisse offrir à ses consommateurs : du 7 au 9 mai dernier, 150 new yorkais ont été conviés au Bar 51 by Craigellachie pour une dégustation exceptionnelle. La célèbre distillerie écossaise y faisait découvrir son dernier embouteillage: un single malt affichant 51 ans au compteur.

Bienvenue au Bar 51

Pour accéder à la dégustation du “newest oldest whisky” de Craigellachie, une seule solution : être tiré au sort lors de la loterie organisée sur le site internet de la marque. Et comme nul n’est plus chanceux que celui qui croit en sa chance, on a eu la bonne idee de participer et de gagner un laisser-passer pour le tasting. Le 7 mai dernier donc, armé du précieux sésame donnant accès à la dégustation, j’ai rendez-vous au Peppi’s Cellar, un speakeasy caché dans le sous-sol d’un cossu restaurant italien du quartier de Nolita, au fond duquel le pop-up bar Craigellachie a élu résidence. Dans une atmosphère intimiste et par groupe de dix, nous sommes invités à découvrir ce single malt mythique.

La dégustation débute par les 13 et 17 ans de la gamme ; l’occasion parfaite de se familiariser avec “le bad boy du Speyside” et de découvrir ce qui le différencie de ses voisins écossais : une fermentation longue offrant au jus d’intenses notes de fruits exotiques, et l’utilisation de condensateurs en serpentin limitant le contact des vapeurs d’alcool avec le cuivre, produisant ainsi un new make spirit au caractère soufré. Cette singularité procure à Craigellachie un palais puissant sur des notes animales (“meaty” !). Le moins que l’on puisse dire c’est que Craigellachie, qui signifie « colline rocheuse » en gaélique, produit une eau-de-vie au caractère bien trempé qui laisse rarement indiffèrent. Et c’est après cette introduction de rigueur, que nous sommes conviés, derrière un épais rideau de velours rouge, à rejoindre Georgie Bell, global malts ambassador Craigellachie.

Le Bad Boy du Speyside

Immédiatement le ton est donné : “Ce whisky est destiné à être bu et partagé – et non à prendre la poussière sur les étagères d’un collectionneur !” Craigellachie assume ici sa réputation de rebelle et fait un joli pied de nez à l’industrie, en rappelant à tous la raison d’être de toute bouteille de spiritueux. Ainsi, plutôt que de présenter le liquide dans une carafe Baccarat à un prix exorbitant, les équipes de Bacardi, propriétaire de Craigellachie depuis son rachat à Diageo en 1998, ont décidé de l’offrir à quelques chanceux – et ce, sur 4 continents différents. Apres une édition londonienne en novembre dernier, les prochaines ouvertures du Bar 51 sont prévues en Australie et en Afrique du Sud dans les prochains mois.

Georgie nous explique que le fût de ce whisky distillé le 22 décembre 1962 a été retrouvé “un peu par hasard” et qu’“il était temps” puisque le jus ne titrait déjà plus qu’à 40.3% – autant dire que les anges, tout en faisant leur travail, ont eu la bonté de laisser juste assez d’alcool pour un embouteillage single cask. 51 flacons ont été tirés de cet unique fût – l’histoire est belle. Mais assez discuté : il est temps de voir ce qu’il a dans le ventre. Nous nous attaquons à la bouteille 3/51 ce soir.

Craigellachie 51

Il est très difficile d’écrire des notes de dégustations pour un whisky pareil. Bien sûr on pourrait parler de vanille crémeuse, de céréales gourmandes, de fruits murs -sans oublier d’évoquer des notes d’agrumes apportant une acidité bienvenue pour réveiller ce vieux jus boisé- mais c’est avant tout une histoire d’émotions. Goûter un whisky mis en bouteille alors que John F. Kennedy était encore à la Maison Blanche, avant que l’homme ne pose le pied sur la lune (ou que mes parents ne naissent !) a quelque chose de profondément émouvant. C’est une expérience que l’on n’oublie pas.

Vous l’aurez compris, cet embouteillage exceptionnel n’est pas destiné à la vente – les 51 bouteilles seront partagées gracieusement avec les consommateurs et amis de la marque. On rappellera que le Craigellachie 31, que j’avais eu la chance de goûter à l’occasion de son sacre en tant que meilleur single malt écossais au monde en 2017, est lui bien disponible pour vivre quelques frissons éthyliques à l’accent gaélique.

On tentera de reprendre nos esprits en deuxième partie de soirée avec un gourmand « Old Soul » – un old fashioned sur une base de Craigellachie 13, sirop d’ananas et Bokers bitter. Parce que finalement le meilleur whisky du monde reste celui que l’on a dans son verre. Sláinte!